Comment une nouvelle norme aide-t-elle les petites entreprises à voir plus grand
Un pouvoir d’achat plus important, des gains d’efficacité accrus et des idées plus novatrices ne sont pas des avantages réservés aux grandes entreprises. La publication de la norme ISO 44003 aide les acteurs de moins grande envergure à mobiliser leurs forces collectives en tirant parti au mieux des partenariats stratégiques.
Combien d’entre nous, enfermés à la maison l’année dernière pendant les périodes de confinement et de restrictions de déplacement, n’ont pas rêvé d’une vie plus simple, dans un lieu proche de la nature et sous un climat chaud, où il soit possible de passer la nuit à la belle étoile ? C’est ce qu’ont fait certains habitants d’un village jordanien proche de l’ancienne cité de Pétra, qui ont quitté leurs maisons en dur pour se réfugier illégalement dans les grottes de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, niché dans les falaises de grès rose du sud de la Jordanie.
Leur déménagement était cependant davantage motivé par la nécessité économique que par l’espoir de réaliser un fantasme. Il s’agit en fait de Bédouins – propriétaires de cafés, propriétaires d’ânes et de dromadaires, vendeurs de bijoux, etc. – qui profitaient auparavant de la manne que représentaient les milliers de touristes affluant chaque jour dans la « ville rose ». Un reportage paru dans le journal The Times rend compte de leur situation critique et souligne que l’épidémie en cours a été un « désastre absolu » pour les petites entreprises de la région, le tourisme s’étant rapidement tari.
des entreprises des pays de l’OCDE sont des MPME
Les moteurs de la croissance économique
Les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) sont le socle de l’économie. Elles vont des commerçants aux coiffeurs, des indépendants à de plus grandes entreprises dont le chiffre d’affaires se compte en millions. Certaines ont de gros effectifs, d’autres emploient moins de dix personnes. À l’occasion d’un webinaire organisé en juillet 2020 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Association coréenne pour le commerce international, Stephan Klingebiel, Directeur du Centre des politiques du PNUD à Séoul, a décrit les PME comme le moteur de la production nationale, de l’emploi et du flux de capitaux.
« Il n’aurait pas été possible de libérer le potentiel du secteur privé sans les PME », a-t-il déclaré. « Mais les difficultés d’ampleur mondiale, comme la crise de la COVID-19, affectent les entreprises et les moyens de subsistance, et il est dans notre intérêt à tous de relever ces défis. »
En cette période d’imprévisibilité et d’incertitude, les entreprises, grandes et petites, ont été fortement éprouvées, et les perspectives qui s’offrent à de nombreuses MPME dans le monde entier semblent au mieux incertaines. Comme l’indique un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur les conséquences de la COVID-19 pour les PME, on constate que ces entreprises, après avoir été au cœur des perturbations au début de la pandémie, se trouvent un an plus tard « dans une situation encore plus précaire, en particulier les jeunes entreprises et les start-ups, les indépendants et les entreprises dirigées par des femmes ou appartenant à des minorités ».
Ce point a été souligné en avril de cette année lors d’une session du Sommet virtuel sur la gouvernance technologique mondiale organisé par le Forum économique mondial. Avant la crise sanitaire, les PME des pays de l’OCDE représentaient 99 % de toutes les entreprises, 60 % des emplois et jusqu’à 60 % de la valeur ajoutée dans l’économie. Pourtant, malgré la crise, leur potentiel reste inexploité.
Établir des relations de confiance
Alors, comment pouvons-nous mieux reconstruire et créer un environnement qui facilite l’accès au financement et l’investissement durable dans les MPME, afin que celles-ci puissent réaliser pleinement leur potentiel ? Si nous devions tirer une seule leçon de l’année écoulée, c’est que la collaboration, le travail collectif et l’instauration de relations de confiance sont plus que jamais indispensables. C’est pourquoi la publication, en avril dernier, d’ISO 44003, Management collaboratif d’une relation d’affaire – Lignes directrices pour les micro-, petites et moyennes entreprises pour l’implémentation des principes fondamentaux, ne pouvait pas mieux tomber.
Cette norme est la dernière de la série ISO 44000, qui comprend ISO 44001, Systèmes de management collaboratif d’une relation d’affaire – Exigences et cadre de travail, et ISO 44002, Systèmes de management collaboratif d’une relation d’affaire – Lignes directrices pour l’implémentation de l’ISO 44001.
Les PME revêtent une importance cruciale pour la croissance économique et l’emploi.
Défis et perspectives
David Hawkins est Directeur exécutif de l’Institute for Collaborative Working et Président de l’ISO/TC 286, le comité technique de l’ISO pour le management collaboratif des relations d’affaires qui a élaboré ces normes. S’il convient des défis à venir, il voit aussi un côté positif dans les nombreux exemples de grandes organisations qui adoptent une approche collaborative pour aider là où elles en ont la possibilité.
« En effet, beaucoup de PME ont connu des difficultés, et le fait que toutes aient, jusqu’à un certain point, des liens d’interdépendance avec les autres entreprises de leur secteur les a aidées à s’en sortir. La COVID-19 a fait ressortir un aspect encourageant, à savoir la valorisation indéniable des avantages que le travail en collaboration peut apporter », dit-il. Il poursuit en expliquant que les organisations qui avaient déjà adopté « une approche structurée de leurs relations » étaient mieux préparées et donc à même de réagir et de répondre plus rapidement. « Les PME revêtent une importance cruciale pour la croissance économique et l’emploi, et l’introduction d’ISO 44003 incitera, nous l’espérons, un plus grand nombre de MPME à déterminer comment elles peuvent tirer parti de cette collaboration. »
Une démarche collaborative
Ce dernier point mérite d’être souligné, car l’introduction d’ISO 44001 a été, selon lui, perçue par nombre de petites organisations comme une mesure destinée aux grandes entreprises. De nos jours, les conditions d’activité sont difficiles, et les MPME ont du mal à tirer profit des possibilités offertes par le travail en collaboration. D’après David Hawkins, ISO 44003 répond à ce problème.
« L’introduction d’ISO 44003 peut apporter un certain degré de structure permettant d’établir des relations plus durables et donc d’offrir des possibilités aux MPME. En même temps, beaucoup de grandes organisations reconnaissent l’importance de la contribution apportée par les MPME. Aussi espérons-nous pouvoir publier, dans le courant de l’année, un guide complémentaire destiné aux grandes organisations afin de leur indiquer comment mieux se mobiliser. »
Shaun McCarthy, Président de la Supply Chain Sustainability School et conseiller, auteur et conférencier indépendant dans le domaine des politiques et des pratiques propres aux entreprises durables, perçoit également tout l’intérêt que présente cette nouvelle norme ISO pour la promotion de la collaboration. Selon lui, « la plupart des entreprises du globe peuvent être classées comme petites et moyennes entreprises, et de nombreux acheteurs publics dans le monde ont l’ambition de faire plus d’affaires avec elles. La collaboration est indispensable pour tirer le meilleur profit de ces relations entre acheteurs et fournisseurs. »
La collaboration peut sans conteste apporter de multiples avantages aux entreprises, mais, comme le souligne Shaun McCarthy, la dynamique d’une petite entreprise diffère de celle d’une grande entreprise. C’est pourquoi ISO 44003 peut donner une impulsion supplémentaire aux PME. D’après lui, « les normes de la série ISO 44000 donnent des indications essentielles pour gérer ces relations d’une manière démontrant qu’il n’est pas nécessaire d’être une grande organisation pour collaborer ».
Créer un nouveau niveau de dialogue
Il est clair qu’ISO 44003, comme les autres normes de la série, peut jouer un rôle important en aidant les MPME à s’adapter à la « nouvelle normalité ». Comme le dit David Hawkins, si la technologie a joué un rôle, la COVID-19 a jeté un jour nouveau sur la résilience organisationnelle, de sorte qu’à l’avenir, la confiance accordée aux fournisseurs extérieurs sera un facteur clé.
Des relations durables seront importantes, et l’adoption d’une approche structurée permet de renforcer la confiance ; les normes ISO fournissent les cadres nécessaires à de telles relations. « À l’institut », précise-t-il, « nous pilotons un programme fondé sur ISO 44003 afin d’encourager les MPME à faire évoluer leurs approches et d’inciter les grandes organisations à créer un nouveau niveau de dialogue. »
David Murray, éditeur de The Business Magazine, publié au Royaume-Uni, affirme que le secteur des PME est celui où l’esprit d’entreprise, l’innovation et la productivité expriment leur plein potentiel. Avec l’aide d’une Norme internationale telle qu’ISO 44003, ce secteur a plus de chances d’opérer un redressement majeur, ce qui permettra à l’économie de redémarrer et nous aidera tous à réaliser nos rêves.